LES EPREUVES INCONSCIENTES DE LA PARENTALITE (partie 2)

Dans la première partie, je vous réexpliquais le mécanisme de stress. Comment notre organisme réagissait automatiquement dans un contexte de danger. Dans cette deuxième partie je vous en dit davantage sur les théories d’attachements. Car grâce à cette théorie développée par J. Bowlby, M. Ainsworth et bien d’autres après eux, vous pouvez comprendre comme les premiers instants de notre vie vont conditionner une grande partie de nos réactions et de nos tendances pour entrer en relation.

Vous comprendrez alors simplement pourquoi l’hypnose et l’hypnothérapie peut être une aide majeure pour transformer ces automatismes inconscients pouvant être source de souffrances.

Les bases des théories d'attachement

Les théories d’attachements ont été mises au point par J Bowlby, psychiatre britannique qui a été amené a étudié après la seconde guerre mondiale, les soins à apporter aux enfants séparés de leurs parents par le conflit mondial.

Peu satisfait par les théories psychanalytiques et leurs manques de vérifications scientifiques, il observe et analyse les relations interpersonnelles de ces enfants pour mettre à jour sa théorie.

Il met notamment à jour l’importance des premières interactions physiques entre le nouveau-né et ce qu’il appelle ces « care giver », autrement appelées figures d’attachement.

Il établit comment ces interactions précoces et leurs développements dans la jeune enfance vont conditionnées toutes les futures relations interpersonnelles. Il nomme ceci les modèles internes opérants (MIO) qui vont avoir pour conséquences la création d’un modèle de soi ( estime, confiance en soi …) et un modèle des autres représentant la confiance en ces autres et comment interagir avec ces autres particulièrement dans des conditions de stress ou environnement déstabilisant.

Tous ces travaux font échos avec les théories polyvagales mises en lumière par un autre scientifique de renom, stephen porges. Il a étudié les réactions neurologiques et l’activation des différents circuits en fonction de situations extérieures.

Et Bowlby a noté l’importance de ce système de vigilance sur les théories d’attachement.

Même si ces modèles d’attachement sont très ancrés, avec des liens avec la mémoire procédurale, les connaissances actuelles sur la plasticité cérébrale ouvrent tout un champ de transformation de ces MIO.

La relation thérapeutique est un espace dans lequel va se rejouer ces comportements surtout que bien souvent nos consultants viennent déposer des vécus difficiles, des mécaniques limitantes …

Par conséquent la relation thérapeutique est un excellent terrain pour expérimenter d’autres façons de réagir et se libérer d’ancien schémas devenus inutiles voir destructeurs.

Il est donc primordial pour moi de connaitre ces éléments qui sont des clés majeures (même si ne sont pas les seules) pour permettre de fournir à nos consultant le meilleur support possible. Pas d’hypnothérapie efficace sans établir cette relation de confiance et permettre de rejouer autrement ces blessures du passé.

L'attachement à la naissance

L’enfant nait dépendant, il est incapable de survivre seul, incapable de se déplacer, de se nourrir par lui-même. Il va donc avoir besoin d’attirer à lui des personnes qui le prendront en charge au moins pour ces premières années de vie.

La nature ayant relativement bien prévu les choses, elle a développé des systèmes innés pour lui permettre d’exprimer ce besoin.

Ces premiers systèmes innés sont : le pleur, le sourire, l’agrippement et plus tardivement la marche.

Pour rappel l’hormone du lien n’est rien d’autre que l’ocytocine et on connait aujourd’hui son implication dans l’accouchement notamment.

Biologiquement parlant, ce préattachement à la naissance va plutôt être mis en route en direction de la mère (puisque la mère est toujours là à l’accouchement), et que le nouveau né a déjà enregistré la voix de sa mère mais aussi son odeur , le son de son cœur …

En réponse aux stimulations extérieures, le système neurologique du bébé perçoit un danger, un stress qui pousse l’organisme de façon réflexe à mettre en route des réactions : le pleur.

Il appelle à lui la réassurance, l’autre qui viendra restaurer un état de calme.

Il construit ainsi une base de sécurité, des fondations qui plus tard lui permettront de développer les compétences d’exploration.

Les différents types d'attachement

Bowlby et ses successeurs ont défini différents types d’attachements

Deux grands types : sécure et insécures

3 différents types d’attachements insécures : anxieux, évitants et désorganisé.

Pour rappel l’attachement va dépendre de la relation qui va s’établir avec les care giver.

Ce « choix » est une réaction instinctive plus qu’un choix raisonnable. Et pour tout de suite déculpabiliser les parents, l’adulte va lui aussi « subir » ses propres MIO dans cette relation qui se crée et ses réactions seront donc aussi le résultat de la connaissance qu’il a de lui-même ainsi que de toutes les empreintes traumatiques qu’il peut lui-même avoir.

Le manque de connaissance ou plutôt de diffusion de ces théories et pour moi une responsabilité des pouvoir publics qui pourraient faire en sorte que ces « bonnes pratiques » soient partagées, car elles portent en elles à mon sens la prévention de nombreuses pathologies ou difficultés allant du psychologique en passant par le somatique ainsi que toutes les difficultés rencontrées dans les champs relationnels (les relations sont partout : travail, famille, amis, société …).

Attachement sécure

L’enfant reçoit dans ces premiers mois, années une présence régulière, disponible , adéquate, par une ou deux personnes qui sont ces care giver principaux.

Les premiers mois c’est principalement vers une seule personne qu’il existe un attachement principal, c’est vers cette personne que l’enfant se tournera quand il ressentira un inconfort lié à une situation nouvelle.

Il construit sa base de sécurité, il a une personne refuge qui sait le reconnaitre et calmer sa tension interne liée à l’activation de son système neurovegétatif.

Cette base de sécurité va lui permettre d’explorer son environnement, de développer son autonomie en sachant qu’il peut revenir et avoir la réassurance qu’il lui faudrait.

En grandissant cet environnement lui est favorable pour développer une confiance en lui , une estime suffisante qui seront des élément facilitant des relations saines , une autorégulation de ses états émotionnels, une meilleure capacité de mettre en place des limites , exprimer ses besoins …

L’attachement sécure n’est pas le seul élément qui peut déterminer comment se passera notre vie adulte mais c’est néanmoins un élément majeur.

Si la personne est amenée à vivre un trauma, elle sera moins susceptible de développer un sspt (stress post traumatique) et à de plus grandes ressources pour entrer en résilience.

Attachement Anxieux

Il se caractérise par une augmentation de l’anxiété, au moment de la séparation.

L’isolement est vécu comme un danger et la personne va activer son système de survie (système nerveux sympathique) dans cette situation.

Dans son enfance ces besoins de sécurité n’ont pas été suffisamment assouvis ou il n’a par exemple pas su développer une autonomie dans l’exploration de son environnement.

L’enfant peut percevoir que la réassurance, l’amour est « conditionné » à un comportement de sa part.

On retrouve aussi ce modèle dans le cas ou un des care giver est lui-même anxieux et qu’il a pu lui aussi à cause de ses MIO restreindre ces situations.

Il développe sa capacité à ressentir mais pas la gestion de ses ressentis.

En grandissant il cherchera donc la « protection » de l’autre, c’est-à-dire avoir quelqu’un dont il sera proche pour le réassurer sur sa valeur.

Cela peut donner évidemment un profil de dépendance affective pour compenser un niveau d’estime plutôt bas et une confiance également faible.

Comme la situation être seul est anxiogène, il peuvent être amené à l’utilisation de toxique ou à des comportements pour apaiser le mal être qu’ils peuvent ressentir dans cette situation (tabac, alcool , comportement alimentaire ..).

On retrouve souvent une blessure de l’abandon pour faire le parallèle avec le livre de Lise Bourbeau.

Il supportera des situations même très désagréable (emploi insatisfaisant, couple dysfonctionnel …) car ce sera plus facile que de partir et prendre le risque d’être seul.

Dans le cadre du couple, il vit très mal les situations de séparations (même couple de longue durée), et pourra même se montrer jaloux, ou avoir un besoin permanent de réassurance ( est-ce que tu m’aimes ? , surveillance du conjoint …).

Il apprécie de passer un maximum de temps avec l’autre, fantasme très rapidement la relation et se projette très vite, très fort …

Dans sa communication, on retrouve le vocabulaire de l’anxiété (t’inquiètes pas …), et il éprouve de grandes difficultés à mettre des limites et à dire non aux autres.

Il a tendance a beaucoup intellectualisé la relation se remettant beaucoup question sur ce qu’il n’a pas fait ou sur ce qu’il aurait dû faire pour améliorer la situation. La relation lui prend beaucoup de temps et d’énergie et est souvent au cœur de ses problématiques.

L'attachement évitant

Au contraire de l’anxieux, lui va éprouver le stress au moment de la proximité , de l’engagement dans la relation.

La relation est vécue comme un danger car il anticipe la fin de cette relation et veut éviter de revivre le rejet qu’il a ressenti dans ses premiers instants.

Au moment ou il a exprimé son besoin de réassurance, il s’est trouvé confronté à une réponse qui a majoré son mal être.

Par exemple le care giver lui-même en difficulté est venue rajouter sa charge émotionnelle sur la sienne…

On retrouve parfois ce schéma en cas de parent étouffant ou hypercontrolant empêchant le développement de la niche sensorielle sécurisée.

Il a donc dû mettre en place une stratégie lui permettant de gérer son malaise, et c’est la « fuite » de ses propres ressentis qui s’est mise en place.

Parfois cette fuite est allée jusqu’à la dissociation, cet état qui fait que l’on est comme coupé complétement de ses sensations, comme « sorti » de son corps. Il a pu mettre en place ce MIO par imitation d’un parent lui-même évitant.

Il a comme dans l’attachement anxieux une mauvaise construction de son estime et de sa confiance en lui. Et même si en apparence il semble sur de lui et de sa valeur, intérieurement c’est beaucoup plus fragile que cela.

Adulte, la proximité, l’engagement peut être ressenti comme une perte de liberté, un véritable enfermement et activera son stress et le mécanisme de fuite.

Cela peut même se vivre au niveau physique, c’est-à-dire qu’il peut craindre la proximité physique, les signes d’affection, les relations intimes.

Il a développé une capacité relative à gérer mais pas à ressentir.

Les émotions sont souvent vécues comme trop grandes, trop fortes, et ils se dissocient souvent de leurs émotions adoptant une stratégie de fuite ou de dissociation : « rien n’est grave, rien ne les touche »

Ils ont tellement peur d’être rejeté qu’ils vont parfois rejeter l’autre en projetant sur lui toutes leurs peurs, lui reprochant ce qu’ils vivent dans leurs réalités biaisées par le trauma.

Les étapes d’engagements peuvent les faire fuir : installation conjointe, mariage, parentalité …

Plus ils vont être stressés dans une relation et plus ils s’éloignent, en sachant que ce stress est souvent généré parce que cela se passe bien ou que l’autre fait preuve de trop d’emprise sur eux (imaginé avec un conjoint anxieux activé qui a besoin de proximité ….)

Ils ont besoin de faire par eux même et ont de grandes difficultés à demander de l’aide.

Leur anxiété étant lié à la proximité ils vont parfois recourir aux toxiques dans ces situations (drogue, alcool …) de proximité sociale pour diminuer leur tension. Ou s’ils sont activés rechercher la solitude, l’isolement, dans le travail, sur les écrans ou autres.

Attachement désorganisé

Derniers des attachements insécures, il combine et alterne les deux précédents.

C’est-à-dire que la personne passe dans la même journée voire d’une heure à l’autre d’un besoin de proximité à un besoin de distance.

On retrouve souvent dans leur enfance des traumas importants avec de la maltraitance physiques et/ou verbales sur eux même ou dans l’environnement.

La construction de base narcissique est donc fortement remise en question et l’estime de soi, la valeur de sa vie est très basse.

Les difficultés qu’ils ont rencontrées les amènent à vivre un cocktail émotionnel chaotique : tristesse, colère contre leurs parents, les situations injustes qu’ils ont subies, et une forte peur puisqu’aucune distance relationnelle n’est rassurante …

Pour grandir on constate souvent que leur désorganisation semble privilégiée quand même une dominante (anxiété ou évitement).

Leurs blessures s’activent très facilement (un mot, un regard …) et se sentent très facilement jugés, méprisés …

Pour eux le chemin de la guérison est plus compliqué et devra passer par une étape intermédiaire d’un des autres profils.

L'hypnothérapie et l'hypnose pour ces blessures d'attachement

Malgré les constats de cette théorie, il est important de rappeler que l’attachement est évolutif !

Il est donc possible de travailler sur soi et chaque relation est une opportunité d’apprendre de nouveau MIO, et d’acquérir un attachement sécure.

Qui semble t’il sera plus solide que l’attachement secure inné !

Quelque soit son attachement on peut voir que la gestion de son stress est une constante importante.

Il est donc important de faire un point sur soi et d’apprendre à reconnaitre ses états émotionnels et corporels et de mettre en place des pratiques pour diminuer ce stress afin d’éviter d’activer ses mécanismes défensifs d’attachement (s’agripper ou fuir).

Cela passe par le sport, l’hygiène alimentaire, le yoga, la méditation , la cohérence cardiaque, le chant, le sommeil …. Et biensûr la thérapie pour mettre à jour et traiter ces traumas du passé qui se jouent de nous et prennent le pouvoir dans nos relations.

Mon éthique d'hypnothérapeute LYON 8

Il m’apparait évident que connaitre son propre mode de fonctionnement est important car une relation se joue et donc chacun avec son modèle va réagir ou aborder la relation différemment.

En tant que thérapeute nous avons la responsabilité de fournir un cadre accueillant pour l’autre car ce qui va se jouer dans cette relation est avant tout pour lui permettre de trouver un mieux être ou lui permettre de trouver les ressources pour changer ce qu’il/elle souhaite.

POUR EN SAVOIR PLUS

Les livres sur l'attachement

Je vous conseille particulièrement les livres d’une spécialiste française de ces théories: Gwénaelle Persiaux ( que j’ai la chance de connaitre)

« guérir ses blessures d’attachements »

« les liens d’attachements »